J’ai bercé longtemps mon matou après la fugue de la dernière fois. La peur de le perdre m’avait laissé une cicatrice douloureuse. J’ai pris conscience de l’immense place qu’il avait dans ma vie de solitaire. Aimer autant un animal est dangereux.
Je dis souvent qu’Arthur est ma doudou. Je le colle contre moi quand j’ai besoin d’être réconfortée. Pas plus mobile qu’un bout de tissu, mais plus ronronnant, il remplit parfaitement ce rôle. D’ailleurs, la couverture de ma jeunesse, celle que j’ai usée à la corde et trainée partout, était orange comme mon gros chat. Anecdote à ce propos :
J’étais de ces enfants totalement dépendants de leur doudou. J’ai dormi avec ma vieille couverture jusqu’à sept ou huit ans. Les tentatives de lavage du morceau de textile crotté et odorant engendraient des crises extrêmes de ma part. Quand je perdais la bataille, j’ai souvenir de regarder ma doudou tourner dans l’eau savonneuse avec effroi et de m’assoir devant la sécheuse jusqu’à la fin du cycle, anxieuse. Je n’aimais pas l’odeur de propre qu’elle dégageait ensuite et qui n’avait rien de rassurant pour moi.
Devant ma visible dépendance dès le plus jeune âge à ce bout de tissu, ma mère avait préparé un plan B. Elle avait simplement coupé en deux la couverture originale, issue de ma première couchette, pour en garder une demie à l’abri. Sage manœuvre.
Peu après, la première moitié s’est envolée par une journée de grands vents du printemps. Elle s’est enroulée entre les roues d’un poids lourd sur un boulevard. Je ne vous décris pas la crise… J’ai séché mes larmes instantanément avec le morceau restant, mais j’en suis devenue plus accro que jamais.
Ce que j’aime avec Arthur, c’est qu’il est autonettoyant, qu’il dégage toujours la même odeur réconfortante et qu’il est une couverture chauffante. Couper mon chat en deux n’étant pas une option, j’ai éliminé le plan B de jadis. J’ai alors cogité à un plan C, comme dans CHAT. Et si j’en adoptais un deuxième ? Un chat de secours, au cas où j’en perdrais un ?
Me souvenant des déboires de socialisation avec Olive, j’ai plutôt pensé à un chaton. Une petite femelle qui deviendrait sa compagne de chasse et de sommeil (deux couvertures chauffantes). Je voyais déjà Arthur lécher tendrement les oreilles de sa douce moitié.
Le temps a passé. Au début de l’été dernier, j’ai visité quelqu’un qui demeure dans une forêt. Je suis tombée instantanément sous le charme de la petite chatte fauve et tigrée qui est venue se frotter contre mes jambes. Elle venait tout juste d’avoir une portée de chatons. J’ai su ce que serait un de ceux-là qui réaliserait mon plan C. Voici les premières photos. Vous auriez choisi lequel ?
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